Service d'aide aux victimes de comportements sectaires
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| Version du 26/10/2002 MARY BAKER EDDY : UN GOUROU DE SECTE (identifié
à travers une biographie de Stefan Zweig) Jean-Claude Maes Jean-Claude Maes est psychologue, psychothérapeute familial systémique et président de SOS-Sectes. Il anime par ailleurs un séminaire sur "Le comportement sectaire". Le texte qui suit est un extrait de la troisième séance de 1999-2000. 1) Différentes sortes de clivages 2) Les étapes de la fondation d'une secte Etape 1. La tyrannie domestique Etape 3. Les premiers disciples Etape 4. Une filiation imaginaire Etape 6. La structure pyramidale Etape 7. Le problème de la succession Nous
allons essayer, à travers un texte de Stefan Zweig intitulé "La guérison
par l’esprit" (édition française en 1982), de démontrer
que Mary Baker Eddy, fondatrice de la Christian Science, était un gourou au
sens sectaire de ce terme. Ce qui ne préjuge pas de la nature actuelle de la
Christian Science… 1. Différentes sortes de
clivages Un
premier élément qu’on pourrait attribuer à un clivage de Mary Baker Eddy,
c’est sa monomanie : "Une
action mondiale, partir d’une idée philosophique enfantine" (p. 130), "A tout ces obstacles, elle n’a à opposer que sa foi en sa propre foi,
qui est d’une ténacité presque bête. Seule sa monomanie de posséder rend
vrai l’invraisemblable" (p. 131), etc. D’ailleurs,
les récits de cette monomanie partagent leurs auteurs en deux courants très
contrastés, qui illustrent déjà un genre de clivage systémique : Zweig note
qu’il existe une "biographie officielle", qu’il qualifie de "biographie rose" :
"en réalité elle est l’archétype de l’apologie (...) messagère du
ciel sur la terre, Mary Baker-Eddy apparaît immaculée à nos regards indignes"
(p. 132), et une officieuse, qu’il qualifie de noire
: "L’autre biographe, Miss Milmine, cogne à coups de documents sur ce
miroir doré (...) un simple plagiaire qui a volé toute sa théorie à un
devancier sans méfiance, une menteuse pathologique, une hystérique furieuse,
une commerçante avisée, une mégère achevée" (p. 133). Il faut
relever, à ce sujet, dans les sectes mais aussi chez les religieux intégristes,
une dialectique de la pureté et de l’impureté, dont on trouvera évidemment
des échos à tous les niveaux. A
partir du texte de Miss Milmine, Zweig relève chez Mary Baker-Eddy un "accouplement
étrange de calcul et d’hystérie" (p. 133) sur lequel il va
revenir sans cesse, et dans lequel nous pouvons voir une illustration de ce que
Nannini et Perrone (1995) appellent la totémisation
: "notre corps, nos sens ne sont pour elle qu’apparence ; mais les
billets de banque, elle les accepte volontiers comme réalités" (p.
180), "le double amour bien singulier de Mary Baker, celui de l’auréole
et celui de l’argent" (p.239), etc. Ce
thème du double, on peut l’envisager comme je le fais en termes de moi
partiels, ou en terme de faux-self,
ceci dès l’enfance du futur gourou : "Partout et toujours elle veut se
distinguer, paraître différentes des autres (...) Dés le début elle tient à
être appréciée comme un être supérieur, remarquable, et dans ce but la petite paysanne ne trouve rien de mieux que de jouer les
précieuses. Elle se donne un superior air, se crée une démarche particulière, emploie au cours de la
conversation toute sorte de termes étrangers absurdes qu’elle pêche secrètement
dans le dictionnaire et qu’elle lance sans hésiter à tort et à travers"
(p. 136). On le retrouvera tout au long de son parcours : « l’énorme
force de suggestion du regard dominateur de cette Américaine (...) sûre
d’elle-même, chaque fois qu’elle se trouve en face de l’objectif
photographique, qu‘elle parle en public, qu’elle se sent observée (...)
Une volonté de fer commande à un système nerveux faible comme une toile
d’araignée" (p.172), etc. Notons
aussi, dans ce dernier extrait, l’aspect
hypnotique de la personnalité de Mary Baker-Eddy, dont nous avons vu
qu’il pouvait également s’analyser en termes de dissociation, de clivage,
et que Zweig pressent très fortement : « Mary Baker-Eddy vous martèle
le cerveau avec sa seule et unique pensée, jusqu’à ce que l’on capitule,
étourdi plutôt que convaincu" (p.194), "La technique démonstrative
de Mary Baker ne repose que sur la rotation (...) d’une façon si
vertigineuse, qu’à la fin la tête vous tourne et qu’étourdi vous renoncez
à toute résistance" (p .198), etc. Nous avons également vu comment la constitution
d’un faux-self allait de paire avec la rupture
des filiations. Chez ce gourou, nous en relèverons de trois types au moins
: une rupture avec sa filiation familiale
: "A partir de ce jour, les deux soeurs ne se rencontrèrent jamais plus
et l’intolérante femme rompait ainsi le dernier lien avec sa famille"
; intellectuelle : "Mary Baker niera jusqu’au dernier souffle
avoir jamais reçu de Quimby une impulsion quel-conque. En vain lui
rappelle-t-on ses articles apologétiques du Portland Courrier; en vain
publie-t-on ses lettres de remerciements, en vain lui prouve-t-on (...)
L’orgueil insatiable de Mary Baker occupe désormais une position
inattaquable, maintenant qu’elle fait passer ses désirs pour des ordre divins
et exige l’obéissance à ses prétentions les plus audacieuses au nom de sa
mission céleste" (p.217) ; religieuse
: comme la plupart des sectes chrétiennes, elle fonde évidemment sa doctrine
sur une critique du catholicisme ; logique
: "elle modifie de fond en comble, sur un point des plus importants, sa
propre méthode ; du jour au lendemain elle condamne ce qu’elle avait
prescrit" (p.187), etc. Cette rupture des filiations s’accompagne d’une rupture
de toute obligation. Par une opération qui relève également du clivage
narcissique, et à l’instar de tous les manipulateurs, le moindre de ses dons
met autrui en dette, mais elle n’est en dette vis-à-vis de personne : "jamais cette femme démoniaque, cette auto-possédée, ne se sent déshonorée
ou obligée par l’hospitalisation d’autrui" (p. 165). Son univers est dichotomique, sépare l’intérieur
et l’extérieur, ceux qui sont pour ou contre elle : "Ce qu’elle
dit est vrai, ce que disent les autres est mensonge." (p.183), "Dès
qu’elle veut avoir raison (...) elle perd toute mesure, tout sens de la
justice. Elle intente à l’apostat procès sur procès ; tantôt elle
l’accuse de lui avoir retenu des honoraires, tantôt elle le calomnie devant
les étudiants, et, finalement, avec ses hallucinations, elle excite tellement
contre lui son propre fils, un paysan balourd, qu’il se rend chez Kennedy et
menace d’un revolver le guérisseur effrayé" (p. 188), etc. C’est une logique d’objets partiels : en réalité,
rien ne peut être tout à fait vrai ou faux. Sauf si l’alternative
qu’indique le "ou" entre "vrai" et "faux"
n’est plus une conjonction mais une coupure. Ce qui nécessite une cécité
sélective, qu’on retrouve jusque dans la méthode prônée par Mary
Baker-Eddy : "la suggestion fait disparaître à la fois l’image de la
maladie et ses symptômes (...) Le guérisseur n’a donc en aucun cas à
examiner les symptômes comme le médecin, ni à s’en occuper ; au
contraire, son unique tâche est de ne pas les voir, de ne pas les prendre au sérieux,
de les considérer comme des chimères et d’amener le patient à ne plus les
admettre et à ne plus y croire, lui non plus" (p. 200), "tout
homme qui se croit malade et se plaint de son mal contamine les autres avec son
illusion néfaste, et c’est ainsi que le fléau se perpétue de
génération en génération" (p. 201) J’ai expliqué - en citant Ingold (1982) - comment
le clivage engendrait la dépendance... Nous allons retrouver cette règle dans la Christian
Science, sans que Zweig, quant à lui, arrive réellement à se l’expliquer : "phénomène inattendu : les élèves ne peuvent pas se détacher de
leur maîtresse (...) ne peuvent plus penser, parler, agir sans leur
directrice d’âme (...) Partout et toujours, sa sur-énergie provoque une
super tension étonnante dans l’existence d’autrui, qu’il s’agisse
d’attraction ou de répulsion" (p. 212). Toujours d’après Ingold (1982), ce qui engendre
plus précisément la dépendance, c’est la cyclothymie,
dans laquelle je vois le dimension dynamique (au sens freudien) du clivage : "sa conduite varie d’un extrême à l’autre, elle a des hauts et des
bas continuels de camaraderie intime et de despotisme brutal et méprisant (...)
l’indifférence dont elle fait preuve à l’égard de son propre enfant (...)
et la tentative toujours renouvelée de compenser cette absence de sentiments
maternels par le mariage ou l’adoption d’hommes plus jeunes (...) Toute
sa vie, elle a eu besoin de jeunes homme autour d’elle, ce voisinage la calme
et la trouble en même temps. Les ordres de "se détourner"
d’elle, qui ne sont que des convoitises secrètes" (p. 221), "Les
déterminations les plus importantes des sa vie ne naissent jamais d’une réflexion
logique consciente, mais sont en quelque sorte des explosions volcaniques d’énergie
provoquées par son inconscient. Tantôt géniale et tantôt tout à fait
absurde, ses nerfs surexcités se déchargeant toujours en décisions brusques,
elle ne peut pas du tout en rendre responsable son Moi conscient. Quoi d’étonnant
alors qu’elle se croit inspirée par Dieu, qu’elle considère que ses
décharges nerveuses sont provoquée par une étincelle supraterrestre (...)
Car ses impulsions et ses élans soudains atteignent presque toujours leur but :
l’instinct de Mary Baker est cent fois plus intelligent que sa raison"
(p. 223), etc. Dans le prolongement du clivage entre un intérieur et
un extérieur, non plus seulement à elle, à son univers psychique, mais au
groupe qu’elle a sécrété, notons encore l’aspect nettement paranoïde
de ses réactions : "Toujours Mary Baker poursuit d’une haine féroce
les élèves qui l’abandonne, car elle sait (…) que justement pendant
la période constructive tout schisme, toute division, ébranle l’édifice
entier" (p. 224), etc. Cet aspect s’accompagne évidemment de mécanismes
de projection, ce qui permet une inversion
pure et simple des valeurs et des faits,
suivant une bascule tellement rapide qu’on peut à nouveau parler de clivage :
"Huit de ses adeptes jusque-là les
plus fidèles se réunissent secrètement et décident de ne plus approuver
toute cette folie haineuse et stupide (...) Elle renverse vivement les
faits (...) conteste aux démissionnaires le droit de quitter d’eux-mêmes la
communauté et ordonne aux huit élèves qui ont déjà refermé la porte derrière
eux de sortir de la maison !" (p. 227), "il est vrai que les
scientistes gagnent maintenant beaucoup d’argent, mais c’est justement ce
qui prouve la valeur de la Christian Science (...) en faisant un sacrifice
matériel, le patient augmente, ainsi que l’a démontré l’expérience, sa
propre volonté de croire. Plus le sacrifice est lourd, plus il active intérieurement
sa guérison" (p. 240), etc. Enfin, last but not least,
le clivage engendre des paradoxes, thème auquel nous consacrerons deux séminaires
: "c’est le triste destin des natures despotiques de toujours désirer
s’entourer de gens qu’elles pourraient apprécier, alors qu’elles ne
peuvent supporter que des esclaves, qui disent docilement oui à tout et
qu’elles méprisent (…) Aussi en secret la vieille lutteuse désire
rencontrer quelqu’un qui lui résiste" (p. 250), "Toujours
furieuse contre ses amis et disciples incapables, toujours jalouse de ceux qui
sont doués" (p. 254), etc. 2.
Les étapes de la fo Etape 1. La tyrannie domestique :
"Jamais, même dans les années les plus mauvaises de son existence (…)
Mary Baker ne s’astreint à la besogne journalière des ménagères"
(p. 137), "L’hystérie (…) révèle toujours le désir le plus caché
de l’être (…) provoquera continuelle-ment et en tout lieu des
tensions, des conflits et des crises (…) il lui faut une soumission complète
excessif auquel l’univers suffit à peine" (p. 138), "Quand à
son propre enfant, elle le donne au plus vite en nourrice ; cette âme dure ne
veut pas se soucier d’autrui, fût-ce son sang et sa chair ; son Moi inquiet
ne connaît d’autre préoccupation que lui-même" (p. 140), "en
1850 Mary Baker-Glover est une créature absolument inapte à la vie" (p.
140), "dominée par un besoin maladif d’admiration" (p. 143),
etc. Etape 2. Le miracle
: "Si la foi est la mère du miracle, le désespoir en est certainement
le père (...) Quimby est son dernier enjeu, les quelques dollars qu’elle a en
poche représentent son dernier argent. Si ce traitement ne réussit pas, il
n’y a plus aucun espoir pour elle, et elle le sait" (p. 155), "cette
expérience met nettement en évidence, pour la première fois, l’intime
disposition d’âme de Mary Baker (...) si elle guérit, il se sera produit en
elle un miracle, "le" miracle, et (rêve d’enfance !) on
l’admirera" (p. 156), "une malade (...) qui veut non seulement
guérir au plus vite, mais comprendre pourquoi et comment elle guérit"
(p. 157), "elle tire du bon Quimby tout ce qu’il a à dire. Avec la
violence qui lui est particulière elle pénètre dans ses idées et dans ses théories
et y puise un enthousiasme farouche et fanatique" (p. 158), "Un
pieux délire s’empare de ce nouveau Lazarre ressuscité (...) il ne suffit
plus à cette âme sans mesure d’être regardée curieusement par ses soeurs,
ses tantes, ses parents, ses voisins - non, tout le pays, le monde entier doit
apprendre la nouvelle" (p. 159). Etape 3. Les premiers disciples
: "Elle ne peut apporter l’apaisement, elle qui est un être inquiet
par excellence. Elle peut exalter, enflammer les esprits, mais non calmer la fièvre
ni soulager la douleur réelle. Il lui faut trouver quelqu’un, un intermédiaire,
un auxiliaire, un principe viril, qui transforme sa doctrine en résultat.” (p .168).
Ce sera le jeune Kennedy, dont les résultats donneront envie à d’autres
d’apprendre cette "nouvelle" méthode qu’elle intitule, dans
un premier temps, "Moral Science"
: "Elle n’ose pas encore faire reculer son horizon jusqu’au domaine
religieux et céleste ; elle croit encore honnêtement et sincèrement enseigner
un nouveau système efficace de guérison naturelle, la méthode de Quimby
perfectionnée. Elle n’a que l’intention de préparer des médecins de son
système (...) en donnant un cours de six semaines" (p. 181). Puis elle découvre
son pouvoir d’attraction, comme déjà évoqué plus haut à propos de la dépendance
: "phénomène inattendu : les élèves ne peuvent pas se détacher
de leur maîtresse (...) ne peuvent plus penser, parler, agir sans leur
directrice d’âme" (p. 212). Etape 4. Une filiation imaginaire
: Pour des raisons dans lesquelles l’inconscient a la part belle, elle se
dispute avec Kennedy, qui la quitte, et à partir de là, "il faut
qu’elle prouve à ses partisans par un moyen quelconque que ce traître à son
cœur est en même temps un traître à la vérité" (p. 186), c’est
pourquoi "elle modifie de fond en comble, sur un point des plus
importants, sa propre méthode ; du jour au lendemain elle condamne ce
qu’elle avait prescrit à tous ses élèves comme une introduction
indispensable au traitement : l’effleurement des tempes avec des doigts
humides, la pression des genoux (...) celui qui désormais touche un patient
commet non pas une faute, mais un crime" (p.187). C’est alors aussi
qu’elle publie son livre, Science and Health, dont Zweig nous dit qu’il
"réunit en un seul système la
science des trois facultés : théologie, philosophie et médecine" (p.
190), et propose pour la première fois l’appellation de "Christian Science". La créativité, chez elle, dépend
toujours peu ou prou d’une rupture, d’une coupure (Quoi d’étonnant, dans
un univers mental clivé?) : "à présent seulement la Christian Science
est la pure "guérison par l’esprit". Seuls le Verbe et la foi
accomplissent maintenant leurs miracles. Le dernier pont qui la rattachait à la
logique, le dernier lien avec les systèmes antérieurs, est brisé" (p.
189), "Le guérisseur n’a donc en aucun cas à examiner les symptômes
comme le médecin, ni à s’en occuper ; au contraire, son unique tâche
est de ne pas les voir (...) et d’amener le patient à ne plus les admettre et
à ne plus y croire, lui non plus" (p. 200), "tout homme qui se
croit malade et se plaint de son mal contamine les autres avec son illusion néfaste,
et c’est ainsi que le fléau se perpétue de génération en génération"
(p. 201), etc. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette doctrine se répand
rapidement car, toujours d’après Zweig, c’est un "système
admirablement construit en vue des fins poursuivies : la mise en marche
d’une hypnose des masses. L’effet direct d’une doctrine dépendra
malheureusement toujours plus de sa tension psychotechnique que de sa valeur
intellectuelle" (p. 203). Il relève trois facteurs de succès : 1) "le facteur technique décisif d’expansion de la Christian Science est
sa commodité. (Elle) peut être expliquée durant le temps qu’on peut rester
sur une jambe" (p. 206), elle est "commode comme un kodak ou un
stylo (…) tout de suite à la portée des masses" (p. 207) ; 2) "Devenir un Christian Scientist (...) est une décision qui n’engage à
rien" (p. 207) ; 3) Mary Baker-Eddy tire "le plus grand appoint
des sources vitales du christianisme (…) pare, pour ainsi dire, aux attaques.
Car personne n’osera qualifier à la légère de farce ou de fumisterie une méthode
qui a pour modèle le Christ" (p. 208). On observe ici la "métamorphose
d’une méthode médicale en un culte religieux (or) jamais une
religion ne doit être pour ses fidèles une chose enfantée par un cerveau
humain (c’est pourquoi) celui qui est élu par la communauté l’est en réalité
par Dieu lui-même" (p. 214). "Une divinisation soudaine exige,
bien entendu, pour les fidèles quelques retouches sérieuses au portrait de
Mary Baker" (p. 215), c’est ainsi qu’un "être vivant se mue
en mythe" (p. 214) : "maintenant qu’elle fait passer ses désirs
pour des ordre divins et exige l’obéissance à ses prétentions les plus
audacieuses au nom de sa mission céleste (...) son autorité peut se dresser et prendre
des proportions gigantesques" (pp. 217-218). Etape 5. La propagande : une nouvelle crise dans la vie de Mary Baker-Eddy entraîne une nouvelle transformation créative de la Christian Science : "Toujours Mary Baker poursuit d’une haine féroce les élèves qui l’abandonne (...) Huit de ses adeptes jusque-là les plus fidèles se réunissent secrètement et décident de ne plus approuver toute cette folie haineuse et stupide (..) Elle renverse vivement les faits (...) conteste aux démissionnaires le droit de quitter d’eux-mêmes la communauté et ordonne aux huit élèves qui ont déjà refermé la porte derrière eux de sortir de la maison !" (pp. 226-227). Grillée à Lynn, petite ville de province qui est son "Bethléem, elle déménage pour Boston, "le Jérusalem de la spiritualité américano-religieuse" (p. 226), où "une secte nouvelle doit être lancée, propagée et affichée comme une marque de savon, de stylo ou de whisky" (p. 234). C’est ce qu’elle fait, avec un "sens des affaires vraiment génial" (p. 236) et "cette dernière défaite devient sa plus grande victoire" (p. 227). Etape
6. La structure pyramidale : L'âge venant - ce qui constitue, en quelque sorte, une autre grande crise
dans la vie de Mary Baker-Eddy - elle est obligée de se soustraire aux regards
: "Quand on a annoncés au monde pendant trente ans et claironnés aux
oreilles de millions d’individus qu’il est facile de triompher de toute les
maladies by mind, d’échapper
victorieusement à l’erreur de la vieillesse, au mensonge de la mort grâce
à la Christian Science, on ne peut pas se laisser surprendre en train de
vieillir" (p. 249). Elle promulgue alors trois édits qui pourraient
donner à penser qu’elle abandonne le pouvoir, alors qu’en fait, ils le
consolident : "La construction horizontale est en quelque sorte remplacée
dans le nouveau plan par une construction verticale (...) par une hiérarchie,
par une pyramide du pouvoir (...) En vertu d’un seul décret, tous les temples
et communautés de la Christian Science perdent leur indépendance et sont entièrement
soumis dorénavant à une église mère (...) Mary Baker-Eddy (...)
dissimule adroitement derrière cette Mother church une autorité invisible mais décuplée (...) on prévient toute hérésie.
Des mesures du même genre sont prises concernant la question financière (...)
Elle peut désormais réaliser son vouloir le plus profond : ordonner au
lieu de conseiller. Et la foudre de l’anathème entre les mains, inaccessible
dans son Vatican de Pleasant View, invisible à tous, excepté aux pieuses
processions de pèlerins ou à de rares élus, nimbée de mystère, elle est déjà,
un mythe, une légende, un symbole (…) le fait de se rendre invisible non
seulement lui permet d’accroître son pouvoir, mais lui épargne des moments pénibles"
(pp. 247-248). Etape
7. Le problème de la succession : pour
lui succéder, elle pense d’abord à son fils, qui est trop loin de ses
"subtilités" métaphysiques ; ensuite, elle adopte quelqu’un
qu’elle finit par renvoyer ; sa disciple la plus compétente lui faisant de
l’ombre, elle la chasse du sein de son église ; même après sa mort,
personne ne la remplacera : "Elle jetterait plutôt son héritage à des
inconnus que d’accepter un autre nom à côté du sien. Et, en effet, un seul
nom est resté dans la Christian Science : celui de Mary Baker-Eddy" (pp.
269-270). Pour revenir à la page précédente, cliquez ici
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